Premier sommet du genre, les dirigeants des trois plus grands bassins forestiers du monde déroulent sous peu, à Brazzaville, leur stratégie de protection de l’environnement, et les modes de financements des projets relatifs à la lutte contre le changement climatique. L’urgence de réduire l’émission de millions de tonnes de carbone (CO2) est désormais une question de survie pour l’humanité. L’idée d’une société moderne des risques s’impose avec évidence et l’avenir de la planète semble être hypothéqué face à la résurgence des phénomènes de réchauffement climatique, de pollutions, de réduction de la biodiversité. D’où la nécessité de s’unir et lancer à Brazzaville, « une Organisation pérenne, solide et crédible des trois bassins forestiers tropicaux dont le rôle sera déterminant dans la préparation des grandes échéances internationales sur le climat », estime Denis Sassou N’Guesso, président du Congo Brazzaville.
Le Bornéo-Mékong, l’Amazonie, le Bassin du Congo forment le grand ensemble de réserve de biodiversités et de carbone qui permet de rééquilibrer cet environnement mondial perturbé par l’activité humaine et les catastrophes naturelles. Préserver les écosystèmes de tout bouleversement climatique est l’objectif majeur à atteindre pour rester au moins à 1,2 degré Celsius en moyenne du niveau mondial des seuils critiques qui éviteraient de basculer et faire courir la planète le risque de surchauffe. L’urgence est donc de changer la gouvernance environnementale mondiale en la matière, comme le souhaitent l’Organisation des nations unies pour l’environnement et plusieurs pays du monde, préoccupés par la question, à l’image de la France, les États-Unis d’Amérique et les nombreux pays des trois grands bassins forestiers tropicaux mondiaux qui se donnent rendez-vous fin octobre, à Brazzaville, pour un dialogue franc et sincère, assorti d’un accord programmatique qui jettera de nouvelles bases de coopération.
Préserver l’environnement, un défi majeur pour tous
L’on ne peut lutter contre le dérèglement climatique sans prendre conscience des menaces actuelles. L’impact sur la survie et le développement de l’humanité se fait déjà ressentir partout. Les États sont obligés de prendre des initiatives. La France prône une politique de lutte contre le changement climatique à travers les COP, les Etats-Unis, eux évoquent une politique extrêmement pointue sur le respect de l’environnement de la même manière que l’Allemagne et plusieurs autres pays dits développés, malgré qu’ils sont aussi considérés comme ceux qui polluent le plus la planète.
Conscients des enjeux géostratégiques des politiques publiques à changer pour le bien-être des sept milliards d’habitants de ce monde, les pays des trois bassins veulent cette fois-ci prendre le taureau par les cornes, question de passer de l’étape de simples « intentions bureaucratiques ou déclaratoires » à la mise en œuvre d’une réelle politique commune de gestion des biodiversités et de lutte contre le changement climatique. En Amazonie, le président brésilien Luiz Lula da Silva est porteur d’un idéal rénovateur en la matière, au moment où , au niveau du bassin du Congo aussi, des initiatives comme le Fonds Bleu pour le Bassin du Congo avec ses 254 projets ( financement à hauteur de 8 milliards d’euros) de valorisation de l’environnement ne manquent pas de donner de la lisibilité aux politiques des 16 pays signataires du même engagement, sous la houlette de l’actuel président de la Commission climat des pays du Bassin du Congo, M. Denis Sassou N’Guesso, président du Congo Brazzaville. Pour lui, la nouveauté du sommet des trois bassins tropicaux qui se tient à Brazzaville permettra d’aller vers une réelle cohésion des politiques environnementales grâce à la création d’une Organisation ambitieuse et dotée d’une personnalité juridique spécifique.
Ainsi, en complément de nombreuses initiatives lancées à travers le monde, par les pays qui conservent jusqu’ici le leadership environnemental, le sommet de Brazzaville donnera certainement un coup de boutoir sur les programmes teintés de promesses de financement non tenues et qui donnent aux pays qui regorgent des forêts, l’idée d’une injustice ou des laissés-pour-compte. « Il est temps que nos voix s’unissent et se fassent entendre dans toutes les enceintes où l’on décide de l’avenir du monde. La multipolarité doit devenir une réalité politique », a martelé Denis Sassou N’Guesso lors du récent sommet de l’Amazonie, au moment où le Président brésilien Luiz Lula da Silva prenait l’engagement de faire de la préservation de l’environnement une priorité tout en mettant fin à la déforestation illégale en Amazonie d’ici 2030. Un engagement qui lui vaut d’organiser d’ailleurs la COP30 en 2025, selon le choix de l’ONU.
Que craindre de notre planète terre face au réchauffement climatique ?
La stabilité de la planète terre est menacée. La tourmente prend de l’ampleur. Le dérèglement du climat se constate dans plusieurs pays du monde par l’augmentation rapide des températures de la surface terrestre généralement attribuées aux émissions de gaz à effets de serre d’origine humaine. Le système climatique de notre planète s’en trouve menacé à cause des activités humaines, de l’industrie, la déforestation, et surtout de l’agriculture qui provoque plus de 90% de ces gaz à effets de serre. Les conséquences sont actuellement ressenties et entraînent l’expansion de déserts et des vagues de chaleur en dehors des menaces qui pèsent sur des populations confrontées à l’insécurité alimentaire, aux inondations comme celle de Derna en Libye qui a causé près de 4000 morts, aux maladies infectieuses.
Le dérèglement climatique est « la plus grande menace pour la santé mondiale » au XXIème siècle estime l’OMS. La moyenne du niveau mondial déjà à 1,2 degré Celsius des seuils critiques risque de basculer à 1,5 ou 2,8 degrés C d’ici la fin du siècle. Un réel danger pour la survie de l’humanité. Le rôle des bassins forestiers tropicaux serait de retenir cette moyenne à moins de 1,5 degrés Celsius si les politiques de préservation des pays pollueurs étaient respectées. Des impacts sur l’environnement déjà graves et irréversibles commandent une gestion concertée de la couverture végétale de la planète comme l’ambitionne le sommet des trois bassins forestiers tropicaux de Brazzaville. L’objectif majeur demeure le choix des stratégies adaptées à l’équilibre planétaire.
Brazzaville qui cristallise l’attention des Experts en matière d’environnement devra accoucher d’un plan d’urgence de stabilisation des politiques forestières conforme aux efforts consentis pour tous les pays afin de trouver enfin de nouveaux paradigmes de régulation du climat à l’échelle planétaire. Mais à condition que les pays industrialisés qui, pour la plupart, sont responsables de la combustion de combustibles fossiles comme le charbon, le pétrole, le gaz naturel pour la production d’énergie responsable en réalité de la dégradation de l’environnement mondial parlent un langage vrai, suivi des actions concrètes sur le terrain.
Lors du sommet de l’Amazonie du 8 août dernier à Belem, au Brésil, le président Luiz Lula da Silva a tranché sur le « que faire pour des solutions concrètes contre le réchauffement climatique ». Son pays le Brésil (60% de la forêt amazonienne) et la Bolivie, la Colombie, le Venezuela, L’équateur, la Guyane, Le Pérou, le Suriname, tous membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA) créée en juillet 1978, et en présence du président congolais, Denis Sassou N’Guesso, ont jeté les bases d’une nouvelle stratégie de lutte contre la déforestation.
Brazzaville va donner l’impulsion et scellera donc la nouvelle alliance stratégique qui, pour la première fois mettra autour d’une même table, les pays des trois grands bassins forestiers de la planète.
Enjeux du sommet de Brazzaville
Les politiques forestières et environnementales du Congo pilotées par les ministres Rosalie Matondo et Arlette Soudan Nonault se déclinent en plusieurs initiatives qui font de ce pays, une figure de proue en matière de lutte contre le changement climatique. La journée nationale de l’arbre instituée en 1984 par le président Denis Sassou N’Guesso et qui, en 2022 totalise 36 Editions de planting des dizaines de millions d’eucalyptus clonés, pionnier en matière d’aires protégées au sein des pays du bassin du Congo, l’initiative de préserver la biodiversité et surtout ses tourbières, telles sont entre autres les éléments déterminants qui distinguent le Congo par sa politique forestière et environnementale. C’est la toile de fond de la bataille pour une convergence des politiques en matière forestière et environnementale que mène le Congo au sein des pays du Bassin du Congo. Des initiatives plus ou moins remarquées dans les deux autres ensembles forestiers que sont l’Amazonie et Bornéo -Mékong. L’idéal est de faire de ces trois bassins forestiers, de véritables réservoirs de biodiversités et des poumons écologiques de régulation du climat sur une planète terre touchée de plein fouet par certains épiphénomènes, notamment les inondations, l’insécurité alimentaire, l’exode de populations et la pénurie d’eau qui causent de nombreux morts chaque année à travers le monde.
De l’avis du Premier Ministre et Chef de gouvernement congolais, M. Anatole Collinet Makosso, à qui le président congolais, M. Denis Sassou N’Guesso, a donné la lourde charge de coordonner les actions de préparation dudit sommet des trois bassins prévu du 26 au 28 octobre 2023, « Brazzaville marquera un pas décisif dans le combat de régulation du système climatique de la planète, au-delà des efforts déjà amorcés par le Programme des Nations pour l’environnement et les nombreux pays du monde qui se préoccupent de la stabilité de la planète terre », croit -il fermement. Les conclusions de ce sommet permettront aux dirigeants des trois bassins forestiers de porter une voix commune à la prochaine grande rencontre de l’ONU sur le changement climatique, la COP 28 de novembre 2023, à Dubaï. C’est pourquoi, « l’Amérique latine et l’Afrique qui, du reste ont de choses en commun et en partage doivent désormais travailler ensemble, face au désordre qui caractérise le monde, aggravant la montée des incertitudes dans les rapports entre les États », réitérera Denis Sassou N’Guesso, devant les nombreuses délégations de haut niveau qui viendront du monde entier, lors du sommet des trois bassins tropicaux, à Brazzaville.
En rappelant que la multipolarité du monde est désormais une réalité politique, et l’importance que requiert les conclusions de Brazzaville dans la prise de décisions sur les questions environnementales ou de lutte contre le changement climatique, Denis Sassou N’Guesso évoque à dessein la notion d’une « rupture systémique dans la longue épopée de la préservation de l’environnement ». Car pour lui, « les leaders des trois grands ensembles forestiers tropicaux doivent davantage s’entendre afin de désormais peser dans les négociations internationales relatives aux changements climatiques », promettait-il déjà à Belem, au Brésil, en août dernier.
Ainsi, la création d’une Organisation réunissant les trois bassins forestiers tropicaux fera date dans l’histoire et Brazzaville deviendra certainement la rampe de lancement d’une nouvelle stratégie de la gouvernance mondiale de l’environnement et de préservation des biodiversités. L’Organisation en création devrait désormais jouer un rôle majeur dans la préparation des grandes rencontres internationales sur le climat. Cette grand’messe de Brazzaville sur les enjeux planétaires de défense de l’environnement connaîtra la participation annoncée des pays et institutions supranationales. Cas de la Turquie dont l’Ambassadeur en poste à Brazzaville a confirmé la participation de son pays au Premier Ministre congolais, M. Anatole Collinet Makosso, toute comme l’ONU, l’Union africaine, voire l’Union européenne qui y sera représentée par son Haut-commissaire à l’environnement, M. Virginijus Sinkevičius. « La présidente de la Commission de l’Union européenne a répondu positivement à l’invitation du Président Denis Sassou N’Guesso, pour participer au sommet des trois bassins forestiers. Et c’est le Commissaire à l’environnement de l’UE qui sera présent à ce sommet. Entre le Congo et l’Union européenne se tisse un partenariat renouvelé et l’accord post Cotonou qui était récemment en discussion a été finalisé et sera ratifié par les États le 15 novembre prochain et le Congo est invité à cet important événement comme l’ensemble des pays Afrique Pacifique Caraïbe (ACP). Nous célébrons aujourd’hui 60 ans de coopération entre l’Union européenne et le Congo et nous espérons développer et renforcer davantage nos relations », a déclaré l’ambassadeur de l’Union européenne au Congo, M. Giacomo Durazo, à sa sortie d’audience avec le Premier Ministre Anatole Collinet Makosso qui suit avec beaucoup attention, les préparatifs de cet événement qui mobilise tout le Congo, la République Démocratique du Congo, le Gabon et bien d’autres pays membres du Bassin forestier du Congo.