Bien qu’obéissant à des dispositions juridiques qui consacrent la laïcité, donc la séparation des églises et de l’Etat congolais, il n’en demeure pas moins que l’Eglise catholique en République du Congo bénéficie des privilèges importants, grâce à un accord cadre revu et signé récemment entre le Congo et le Saint-Siège, le 3 février 2017, et qui les lie et fixe les règles et modalités de leur collaboration.
La présence au Congo d’un Nonce apostolique, en la personne de Monseigneur Javier Herrera qui vient de rencontrer le Premier Ministre congolais Anatole Collinet Makosso, explique le poids de l’Eglise catholique dans l’histoire du Congo où elle a récemment célébré son 140éme anniversaire d’évangélisation, après la fondation en 1883, des premières missions catholiques du Congo, notamment à Loango ( Pointe-noire) et à Linzolo (Brazzaville). L’établissement des diocèses interviendra d’ailleurs qu’en 1955.
« Nous venons d’échanger sur des questions fondamentales liées à la relation entre le Saint-Siège et le gouvernement du Congo. Nous avons évoqué les lignes qui permettent d’implémenter l’accord cadre qui fixe de façon particulière, les relations entre l’église catholique du Congo et l’État congolais. Les missions et le rôle de l’église catholique au Congo concernent le développement spirituel, cultuel et socioculturel, pédagogique du peuple congolais, ainsi que la promotion des valeurs traditionnelles. Tout ceci constitue le socle même de respect des principes, de la sacralité et de la dignité humaine », a déclaré Mgr Javier Herrera CORONA, Nonce Apostolique au Congo et au Gabon à sa sortie d’audience.
Diplomate au Saint-Siège depuis 2003, ce spécialiste en droit canonique qu’est Mgr CORONA est venu rassurer le Chef du gouvernement congolais de la disponibilité du Saint Père, le Pape François, à soutenir les efforts du Congo dans les domaines comme l’éducation, la santé et l’assistance aux personnes vulnérables, en dehors de l’aspect spécifique du concordat: la spiritualité et le culte.
« La volonté de l’église catholique au Congo n’est point de se contenter de ses privilèges par rapport aux autres confessions religieuses, la société congolaise étant multiculturelle, multi-éthnique, multi- religieuse, mais de participer à la construction d’une Nation congolaise plus forte », a ajouté Mgr Javier Herrera CORONA. Et pour mener à bien cette lourde mission pour une église qui représente plus de 70% des fidèles sur les 5 millions d’habitants que compte le Congo, le Saint-Siège à qui le Congo reconnaît le droit d’ériger, modifier ou supprimer souverainement des circonscriptions ecclésiastiques, a subdivisé les 324.000 km2 de superficie du Congo en trois (3) grandes provinces ecclésiastiques. Notamment la Province ecclésiastique du Nord avec l’Archidiocèse d’Owando et les diocèses suffragants d’Ouesso et d’Impfondo; la Province ecclésiastique du Centre avec l’Archidiocèse de Brazzaville et les diocèses suffragants de Kinkala et Gamboma; la Province ecclésiastique du Sud avec l’Archidiocèse de Pointe noire et les diocèses suffragants de Dolisie et Nkayi.
La contribution de l’église catholique à travers ses divers organes est très importante au Congo. Car selon l’esprit de l’accord cadre, l’Eglise dispose du droit de créer des institutions éducatives, caritatives et d’assistance sociale. Il en est de même de l’opportunité conférée à celle-ci par l’Etat, de désigner des aumôniers au niveau de la force publique et des forces armées congolaise.
Outre, l’Etat congolais peut aussi dans le cadre de cette collaboration, trouver des arrangements en vue de sa participation financière aux œuvres de biens communs que mène l’Eglise dans le domaine de la santé, l’éducation.
La ferveur des relations diplomatiques entre le Congo et le Saint-Siege se traduit d’ailleurs par la récente réception par Denis Sassou N’Guesso, Président du Congo, d’un émissaire du Pape François en juillet dernier à Brazzaville, notamment le Cardinal Michaël CZerny.