———/ Par Driss Senda
Au terme d’une importante mission d’évaluation sur les efforts du Congo en matière de désendettement et restructuration de son économie, ainsi que de résolution des problèmes sociaux, le FMI marque son satisfecit sur plusieurs points énumérés dans le document cadre et à la suite de sa récente revue, même si l’institution reste toujours prudente à attendre que le Congo s’investisse davantage dans
ses efforts de réformer ses régies financières et de lutter contre une corruption qui aurait atteint un niveau plutôt endémique.
Le Congo travaille à stabiliser sa situation économique perçue hier comme un désastre. La visite de travail du Premier Ministre Anatole Collinet Makosso à Washington se situe en droite ligne de la décision salutaire prise le 21 janvier 2022 par le Conseil Executif du FMI qui avait approuvé le démarrage d’un nouveau programme au Congo, au titre de la facilité élargie de crédit (FEC), d’un montant de 455 millions de dollars sur trois ans.
En participant aux assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale, la délégation congolaise a pu mettre sur la table des indicateurs de performance qui ont permis au Directeur Général Adjoint du FMI, Kenji Okamura assisté de l’Administrateur FMI pour le Congo, et au Vice-Président exécutif et Directeur Général de la Banque Mondiale, M. Hiroshi Matano de tirer les premières conclusions positives sur la bonne tenue du Congo, vis à vis de ses défis avec les institutions financières de Breton Woods.
« Retenez que nous sommes là pour vous venir en aide », a rassuré tout sourire, M. Kenji Okamura, Directeur Général Adjoint du FMI. Le défi est de taille. La dette est soutenable. C’est l’une des principales conclusions à laquelle est parvenu le FMI qui note en effet, que le Congo a réalisé en un laps de temps court ce qui aurait pu prendre plus de temps. L’enjeu a été celui de redresser l’économie, de recréer les conditions d’une attractivité économique en soutenant les entreprises dont les activités devraient redonner au marché une réelle vigueur économique. Il s’agissait d’aller vers la résolution des problèmes sociaux, et de redorer l’image du Congo ternie hier par différentes crises.
Le Gouvernement congolais veut gagner en crédibilité
Le gouvernement Makosso a fait de ses négociations avec le FMI son cheval de bataille, attendu que c’est l’une des clés de la relance économique du pays, au-delà des bienfaits qu’un tel accord aura apporté en terme de paix sociale. Les bruits casseroles, les grèves qui prenaient de l’ampleur partout dans le pays ont dû s’estomper et donner place à un regain d’espoir.
Une nette reprise d’activités est aussi constatée au niveau du secteur privé grâce aux efforts de restructuration de la dette au plan interne auprès des entreprises qui hier étaient totalement plombées par le poids de la crise économique et surtout par les conséquences dévastatrices de la pandémie de Covid-19.
Ces constats ont pesé sur la balance qui fait noter une réelle reprise de vie économique au Congo, à la grande satisfaction du FMI qui estime par ailleurs que le Congo doit honorer ses engagements vis à vis de ses créanciers d’hier avec qui, d’âpres négociations se sont soldées par le retour à la confiance. Trafigura, Glencore et surtout l’importante dette chinoise, tout est revenu à un niveau de négociation qui permet de dire que la dette du Congo est désormais soutenable, au point de permettre une reprise de relations saines avec les institutions de Breton Woods ( FMI et Banque mondiale) qui désormais se mettent très attentifs au chevet de l’économie congolaise.
« Nous sommes venus participer à une revue des institutions de Breton Woods, mais aussi prouver notre volonté de leur témoigner de vive voix nos vifs remerciements pour nous avoir sortis d’une triste situation économique intenable et qui aurait pu faire sombrer totalement le Congo », s’est réjoui le Premier Ministre Congolais, Anatole Collinet Makosso, qui conduisait une forte délégation de ministres de son gouvernement.
Pour Anatole Collinet Makosso, l’enjeu lié au redressement de l’économie congolaise , à recréer les conditions d’une attractivité économique, à la résolution des problèmes sociaux, et à redorer l’image du Congo demeure une priorité et un objectif majeur dans les présentes négociations avec le FMI. Voire même avec l’ensemble des bailleurs bilatéraux ou multilatéraux, afin de renouer la confiance tant au plan interne qu’au plan externe.
La mission du Premier Ministre congolais, Anatole Collinet Makosso, aux sièges du FMI et de la Banque mondiale vaut donc son pesant d’or car il s’agit d’une étape déterminante pour l’action de son gouvernement. Et c’est dans cette confiance renouvelée d’une situation économique qui se relance et renoue avec la performance que Anatole Collinet Makosso a fait escale à Paris, en France, pour rassurer les autorités françaises qui n’ont de cesse travailler à aider le Congo, à sortir de cette zone rouge où l’ont laissé les différentes crises, la crise économique et la pandémie Covid-19. « Le président de la république, M. Emmanuel Macron est très engagé sur la question des réalocations des droits de tirage spéciaux et sur la sécurité alimentaire, tout cela était au cœur de nos échanges avec le Premier Ministre Anatole Collinet Makosso. En plus, le Congo a initié un dialogue riche et soutenu avec le FMI qui a abouti à des résultats positifs, avec l’appui de la France. Nous accompagnons tout cela avec un soutien additionnel et dans les jours qui viennent, une mission française se rendra à Brazzaville pour travailler sur les modalités de ce soutien de la France adossé à celui du FMI », a déclaré Le ministre français M. Jean-Baptiste Lemoyne.
La preuve est que ce pays de 342 000 km2 de superficie et sa population de 5,2 millions d’habitants a souffert d’une récession de -6,2% en 2020. Grâce à sa politique de désenchantement et de relance économique, la République du Congo va vraisemblablement atteindre une croissance de -1,5% en 2022, à en croire les sources du ministère du plan et des statistiques piloté par la Ministre Ingrid Babakas.
Pour passer du désenchantement à la relance de son économie, le Congo a observé une sévère discipline budgétaire et entend grâce à son Plan National de Développement (PND) se remettre sur les rails d’une développement inclusif.
Et pour mieux booster son économie libérale grâce à ce Plan national évalué à environ 8 987 milliards de Fcfa en termes de dépenses d’investissement, alors que les ressources disponibles représentent 24% du coût global du programme, soit 2161 milliards FCFA, Anatole Collinet Makosso a expliqué aux officiels des institutions financières de Breton Woods la farouche volonté de son mentor, le Président Denis Sassou N’Guesso de garantir la paix dans le pays et dans la sous région d’Afrique centrale qui abrite des instruments économiques supranationaux comme la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale et la CEEAC. Il a rappelé à ses interlocuteurs la nécessité d’aider le Congo à mobiliser des partenaires qui lui permettraient de réunir ou d’atteindre le gap des financements de 2/3 soit environ 6500 milliards de fcfa. Selon la vision du gouvernement congolais, la mobilisation des ressources nécessaires à son financement dudit Plan national de développement ne reposera pas sur l’endettement, mais plutôt sur des formules innovantes qui ouvrent aux marchés financiers et à la promotion des Partenariats publicsprivés (PPP). D’où la présence très marquée des ministres des finances Rigobert Andely, du plan Ingrid Babakas, de l’aménagement du territoire Jean Jacques Bouya, du ministre délégué Ngatsé, lors de cette première mission du gouvernement Makosso aux sièges du FMI et de la Banque mondiale, à Washington, aux USA.
Grâce au FMI et à la Banque mondiale, le Congo tient désormais les cartes de son économie et semble lancé dans une bonne direction, après avoir retrouvé les clés pour freiner son endettement et, cerise sur le gâteau, grâce aussi à la relance de l’activité pétrolière qui, à coup sûr, devrait lui faire engranger des bénéfices énormes qui aideront à stabiliser l’économie. Beaucoup restent à faire mais avec l’impulsion du Président Denis Sassou N’Guesso, le Congo se démarque et son peuple peut espérer de nouveau. Car grâce à la remontée des cours du baril de pétrole estimé à 114$/baril, la priorité gouvernementale est désormais de financer la dette sociale, d’améliorer le niveau de vie des Congolais, d’investir massivement sur des projets à forte valeur ajoutée.
Un Pas de plus avec les États-Unis d’Amérique
Anatole Collinet Makosso a réaffirmé les axes principaux de l’action de son gouvernement : désendettement et investissement social. Des dossiers qu’il porte à bout de bras et sur lesquels il a aussi ouvert une nouvelle page dans les relations de coopération entre le Congo et les États-Unis d’Amérique. Ses audiences avec Mme Dana Banks, Conseillère Spéciale à la Sécurité nationale du Président américain M. Joe Biden, auprès du Secrétaire d’Etat américain et à la Chambre de commerce des USA constituent la toile de fond du réchauffement des relations de coopération, du maintien du dialogue politique de haut niveau entre le Congo et les États-Unis. Ils ont revisité l’ensemble des dossiers liés aux relations bilatérales et surtout exprimé la reconnaissance du gouvernement, au nom du Président du Congo, M. Denis Sassou N’Guesso, pour leur appui lors des négociations entre le Congo et le FMI.